All For Rwanda exprime sa profonde préoccupation face à l’annulation du sommet tripartite de Luanda entre les présidents de la République Démocratique du Congo (RDC), du Rwanda et de l’Angola. Cet échec découle directement de la mauvaise foi du régime rwandais, qui semble instrumentaliser les cadres diplomatiques pour maintenir un statu quo favorable à ses ambitions stratégiques, au détriment des populations affectées et des efforts de paix régionaux. En imposant des conditions irréalistes et en bloquant toute avancée concrète, Kigali retarde volontairement les discussions, faisant perdre un temps précieux aux parties prenantes.
Il apparaît désormais évident que le Rwanda cherche à consolider, par des moyens diplomatiques, ce qu’il n’a pu obtenir par la voie militaire : le contrôle de facto sur des territoires souverains de la RDC à travers son proxy, le M23. Les conditions qu’il pose dans ces processus ne visent qu’à atteindre ses objectifs de guerre, sans réelle intention de construire une paix durable.
Nous saluons l’intégration récente du processus de Nairobi au cadre de Luanda, une initiative qui reflète la volonté des médiateurs de coordonner leurs efforts pour traiter de manière globale la crise dans l’est de la RDC. Cependant, pour que ces cadres diplomatiques produisent des résultats concrets, ils doivent s’attaquer aux causes profondes du conflit, qui perdure depuis plus de deux décennies. Parmi celles-ci, la question des réfugiés rwandais est essentielle et doit être placée au cœur des discussions. Actuellement, près de 250 000 réfugiés rwandais, majoritairement hutus, vivent dans des conditions précaires et souvent sans statut légal, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Ces populations, victimes de persécutions depuis 1994, restent ignorées par les mécanismes de paix actuels. Une solution durable exige des réponses politiques sérieuses et inclusives.
Un dialogue politique régional ne sera pertinent que s’il est véritablement global et inclut toutes les parties concernées, notamment les groupes politico-militaires actifs dans l’est de la RDC. Pour garantir son efficacité, le Rwanda doit également accepter d’engager un dialogue politique avec son opposition. Refuser cette ouverture tout en exigeant des concessions similaires de la part de la RDC démontre un manque total de sincérité et compromet gravement les perspectives de réconciliation régionale.
All For Rwanda tient à mettre en garde contre une approche exclusivement militaire visant à neutraliser les FDLR. Une telle stratégie serait une erreur et un piège susceptible d’aggraver davantage la situation. D’une part, elle renforcerait la position diplomatique du régime rwandais tout en exacerbant les tensions autour des réfugiés et du pouvoir à Kigali. D’autre part, elle entraînerait d’importantes pertes civiles, les FDLR étant profondément intégrées dans les communautés hutu du tissu social congolais. Enfin, cette approche contredirait les objectifs de paix en marginalisant davantage ces groupes, plutôt que de les intégrer dans une solution négociée.
Nous encourageons les gouvernements de la RDC et de l’Angola à maintenir une dynamique diplomatique inclusive et ambitieuse. Leur engagement en faveur de la paix et de la stabilité régionale mérite d’être salué et soutenu. Nous les exhortons à concentrer leurs efforts sur les véritables enjeux de la crise, malgré les obstacles imposés par Kigali.
All For Rwanda reste convaincu que la paix dans la région des Grands Lacs est possible, à condition que toutes les parties agissent avec sincérité et responsabilité. Nous appelons la communauté internationale et les médiateurs à ne pas céder aux manœuvres dilatoires et à privilégier une approche politique équilibrée et inclusive. Seule une stratégie globale, traitant les causes profondes du conflit et impliquant toutes les parties dans un dialogue sincère, permettra de transformer durablement les dynamiques conflictuelles et d’instaurer une paix véritable et pérenne.
Faustin MUREGO
Coordinateur chargé des politiques
de protection et de sécurité
15 décembre 2024